Pendant ces deux dernières décennies, un effort de recherche considérable a été porté sur la compréhension des mécanismes de la maladie d’Alzheimer, avec l’objectif ultime de développer un traitement spécifique, efficace et sans danger, de cette maladie. Les années 90 ont vu naître le premier traitement apte à ralentir l’évolution de la maladie, appelé tacrine. Première avancée dans cette quête thérapeutique, qui a ouvert de nombreuses pistes aux chercheurs, et suscité tant d’espoirs chez les patients et leurs proches.
Les chercheurs ont suivi trois voies essentielles dans leurs travaux sur la maladie d’Alzheimer : la voie des neuromédiateurs et de la protection neuronale, la voie de l’inflammation, la voie génétique. A l’heure actuelle, seule la première voie a donné naissance à des traitements efficaces dans le ralentissement de l’évolution de cette maladie.
En effet, le déficit en acétylcholine, molécule neuromédiatrice (assurant la liaison entre les cellules nerveuses) essentielle, est retrouvé systématiquement dans cette maladie. Comme il n’est pas possible de fournir directement cette molécule sous forme de médicament aux patients, le principe des traitements actuels est de ralentir sa diminution dans le cerveau en inhibant l’enzyme qui la détruit. Un de ces enzymes essentiels étant l’acétylcholinestérase, ces médicaments sont appelés anti-cholinestérasiques.
La tacrine (Cognex) est le premier anticholinestérasique à avoir été commercialisé en France, dés 1994, et à avoir prouvé une efficacité dans le ralentissement de l’évolution de la maladie dans ses formes légères à modérées (ce médicament n’est pas indiqué dans les formes sévères). Il présente aussi l’inconvénient essentiel d’être parfois toxique pour le foie et d’autres molécules mieux tolérées ont été développées depuis : la rivastigmine (Exelon) et le donepezil (Aricept), largement prescrites actuellement dans les formes légères à modérées de la maladie.
Pas d’espoir chirurgical
D’autres molécules sont en voie de développement et viendront compléter la gamme des anticholinestérasiques. Comme l’acétylcholine ne peut pas se prendre en comprimés, l’idée d’en « injecter »directement dans le cerveau par un système de réservoir, ou de stimuler sa sécrétion par des systèmes d’électrodes cérébrales, a été évoquée. Contrairement aux résultats positifs obtenus avec l’application de ces méthodes chirurgicales dans la maladie de Parkinson, l’expérimentation animale n’a porté aucun fruit dans la maladie d’Alzheimer et cette voie semble infructueuse.
L’idée de « protéger » les neurones de la dégénérescence qui caractérise la maladie d’Alzheimer est également importante dans la recherche actuelle, et des facteurs de croissance neuronaux sont à l’étude.
La voie « inflammatoire » est basée sur la découverte d’un ensemble de réactions immunitaires délétères pour le cerveau et accélérant la dégénérescence des neurones. Il a été montré que les personnes prenant des anti-inflammatoires appelés non-stéroïdiens (A.I.N.S., prescrits par exemple dans l’arthrose) de manière prolongée étaient moins à risque de développer une maladie d’Alzheimer. Ce résultat confirme l’existence d’une inflammation dans cette pathologie mais ne débouche pas sur une attitude pratique car la prise au long cours d’A.I.N.S. est nocive pour l’organisme, et cette prévention a une efficacité très limitée. D’autres anti-inflammatoires ou antioxydants ont montré une petite efficacité dans la prévention de la maladie : la vitamine E par exemple.
Un vaccin ? Pas pour l’instant
En matière de mécanismes inflammatoires, il existe un moyen simple de prévenir les maladies : la vaccination. Le principe d’un « vaccin contre l’Alzheimer » serait de prévenir l’inflammation cérébrale chez les patients exposés à la maladie (cas familiaux par exemple) par l’injection d’un antigène spécifique à l’origine de la cascade des réactions inflammatoires, mais à l’heure actuelle, aucun antigène candidat n’a fait ses preuves. La voie génétique permet de mieux comprendre les mécanismes de la maladie mais n’offre pas, à l’heure actuelle, de véritable perspective thérapeutique directe.
D’autres résultats ouvrent des voies de recherche dans le domaine thérapeutique : les femmes suivant un traitement par oestrogènes pour la ménopause sont moins à risque de développer une maladie d’Alzheimer, sans que les mécanismes d’action de cette hormone sur cette affection soient clairement identifiés.
Les travaux de recherche conduits sur le traitement de la maladie d’Alzheimer ouvrent donc de manière large le champ des hypothèses biologiques et génétiques, et tentent d’aborder tous les aspects de l’affection pour mieux la combattre.