« Etre dément », dans son sens commun, évoque la folie, la dangerosité, le registre des maladies psychiatriques ; le mot « démence », pour les médecins, correspond à un syndrome ( c’est-à-dire un ensemble de symptômes) bien précis qui peut résulter de causes très variées.
Qu’appelle-t-on « fonctions supérieures » ?
Les neurologues (médecins spécialistes du système nerveux, donc du cerveau) désignent par ce terme les facultés intellectuelles d’un être humain :
la faculté de retenir des informations (la mémoire), de s’exprimer et de comprendre les autres (le langage), d’exécuter des gestes plus ou moins complexes comme faire un lacet, faire un signe de croix (les praxies), d’être attentif (attention), de se concentrer (concentration), de comprendre des notions abstraites comme le sens d’un proverbe imagé (l’abstraction), d’évaluer la véracité d’une information (le jugement)…
Cette classification en fonctions permet d’étudier de manière précise et complète le fonctionnement cérébral d’un individu. Les performances d’un sujet dans ces différents domaines dépendent de son niveau d’études, de son âge mais, ces paramètres étant déterminés, il est possible de prévoir le niveau qu’on est susceptible d’attendre chez le patient. Si le niveau trouvé dans l’une ou plusieurs de ces fonctions est insuffisant, on parle « d’altération des fonctions supérieures ».
Définition d’une démence
Une démence consiste en une altération de ces fonctions supérieures, avec atteinte de la mémoire et d’au moins une autre de ces fonctions. Cette altération est en général progressive et s’installe sur plusieurs années. Elle se répercute dans la vie quotidienne et sociale du patient. La date de début des troubles est souvent difficile à retrouver car ces symptômes sont insidieux ; les « pertes de mémoire » peuvent correspondre à une fatigue passagère, une dépression, un vieillissement normal du sujet, mais l’aggravation de ce symptôme et l’apparition d’autres dysfonctionnements de l’intelligence doit faire consulter un médecin qui confirmera ou infirmera le diagnostic de démence.
Diagnostic d’une démence
Le diagnostic de démence est posé après un bilan médical complet qui comprend, au minimum :
– un examen des fonctions supérieures par un neurologue ou un psychologue (on parle de « bilan neuropsychologique ») sous forme de tests plus ou moins complexes qui évaluent les différentes fonctions supérieures du patient
– une prise de sang
– un scanner du cerveau.
D’autres examens (biologiques ou radiologiques) peuvent être demandés par le médecin pour préciser la cause d’une démence.
Causes et évolution d’une démence
Une démence peut résulter de causes très variées et s’observer à tout âge ; la majorité des démences s’observent chez le sujet âgé et correspondent à une maladie d’Alzheimer mais une démence peut résulter de causes vasculaires (atteinte des artères du cerveau par l’hypertension artérielle par exemple), tumorale, infectieuse (encéphalite, sida), toxique (alcool, héroïne …) etc. Le bilan complet réalisé initialement permettra de préciser l’origine de ce syndrome et son pronostic, c’est-à-dire son évolution prévisible dans les années à venir. Si la plupart des démences correspondent à une maladie d’Alzheimer qui s’aggrave au fur et à mesure des années, il existe des démences « curables » c’est à dire accessibles à un traitement (ablation chirurgicale d’une tumeur cérébrale par exemple) (voir Démences non-Alzheimer).