Ce n’est pas parce que l’on vieillit, que l’on ne dort plus sous le toit de ses plus belles années ou que sa moitié est partie, que l’on n’a plus d’appétit sexuel ! Sujet encore majoritairement tabou, les relations sexuelles le sont encore plus quand il s’agit des personnes âgées. Et pourtant, ils ne sont pas moins humains que les autres, avec leurs désirs et leurs besoins.
Dépendance et intimité : ce que dit la loi
Depuis 2005, la loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement stipule :
Les maisons de retraite médicalisées (…) sont, à la fois, des lieux de soins et de vie. [Ils] doivent être conçus de manière à mieux intégrer les souhaits de vie privée des résidents, leur intimité et leur vie sexuelle. » Doivent être assurés, « à toute personne prise en charge (…) le respect de sa dignité, de son intégrité, de sa vie privée, de son intimité (…).
Et par intimité, on entend sexualité, qu’elle soit pratiquée seul ou à deux. Car entre les vingt-cinq visites par jour en moyenne dans les EHPAD et les pyjamas fermés, pas toujours facile d’accéder au plaisir !
Des freins de toutes parts
L’épanouissement sexuel des personnes âgées en maison de retraite est freiné par trois facteurs :
- Les enfants, ou plus généralement la famille, expriment souvent leur réticence à ce que leur parent cultive une nouvelle relation amoureuse et remplace en quelques sortes l’autre parent décédé. Bien sûr, il y a aussi cette incapacité pour les enfants à concevoir la vie sexuelle de leurs ascendants. Plus rarement, certaines familles craignent d’être lésées au moment de l’héritage.
- Les personnes âgées renient parfois elles-mêmes leur sexualité, ce qui risque de changer avec l’arrivée des papy-boomers en maison de retraite. En effet, ces derniers sont susceptibles d’avoir une sexualité plus débridée que la génération précédente.
- Enfin, le personnel débutant ou n’ayant pas suivi de formation à ce propos peut ne pas avoir conscience de cette intimité à préserver. Il est fréquent alors de ne plus frapper à la porte des résidents ou de ne pas leur accorder de moment privilégié. Dans certains établissements en Australie, sous couvert d’une sécurité maximale, les portes ne ferment pas à clé et les chambres comprennent uniquement des lits simples.
Généralement, la posture de la direction de l’établissement détermine le degré de respect et de liberté des résidents quant à leurs pratiques sexuelles.
Permettre aux résidents de s’épanouir sexuellement
Quoique l’intimité des personnes âgées doive être garantie, le personnel doit tout de même veiller au consentement mutuel. En ce qui concerne les personnes atteintes d’une légère démence ou de troubles qui les empêchent de s’exprimer correctement, les équipes des établissements psychiatriques sont formées à détecter un comportement inhabituel qui pourrait traduire un abus.
La France n’en est, certes, pas encore au niveau des Québécois qui ont mis en place des chambres d’amour fermées à clé dans certains établissements. Cependant, même les plus petites actions peuvent faire la différence :
- Frapper avant d’entrer et attendre la confirmation du résident
- Proposer une pancarte « ne pas déranger »
- Respecter et faciliter les relations entre résidents
- Envisager l’installation de lits doubles ou le rapprochement de lits simples
De nouvelles questions seront levées avec l’arrivée des générations futures et les pratiques qui auront évolué. Cependant, il est nécessaire de garantir à ces personnes, si elles le désirent, un contact physique de l’ordre de la tendresse, qui est, après tout, rien de plus qu’un besoin humain.
♦ Pour aller plus loin, Amours de vieillesse est un ouvrage de référence sur le grand âge.