Les personnes atteintes d’une maladie d’Alzheimer perdent progressivement la faculté d’exprimer leurs besoins et leurs désirs, alors même que ces besoins sont de plus en plus importants. L’entourage affectif, social et médical du patient doit arriver à décrypter, voire à devancer ces besoins, pour les satisfaire de façon adaptée, sans tomber pour autant dans l’infantilisation du patient.
Désadaptation et troubles des fonctions supérieures
Le patient souffrant d’une maladie d’Alzheimer perd ses facultés d’adaptation au monde, matériel et humain, qui l’entoure. Pour satisfaire son besoin d’adaptation, l’univers du patient doit être repensé en fonction de son état cognitif :
L’aménagement du domicile fait partie des mesures à prendre en priorité dans ce domaine.
Les troubles du langage peuvent nécessiter la prise en charge du patient par un orthophoniste lorsque le patient est encore en mesure de bénéficier d’une telle rééducation. Le désir de communiquer pourra ainsi être satisfait le plus longtemps possible. Pour les patients trop atteints, l’entourage doit se familiariser aux techniques de communication avec ce type de malades.
Les troubles de la mémoire peuvent bénéficier de groupes de stimulation et d’ateliers mémoires qui retardent l’évolution de la détérioration intellectuelle. Ce type d’entraînement peut être, dans les formes légères, pratiqué par la famille qui «stimuleraa » la mémoire du parent atteint en l’interrogeant sur le dernier film vu, le dernier repas pris… sans excès pour que le patient ne soit pas mis en échec.
La kinésithérapie permettra de lutter contre la perte d’autonomie et l’incontinence, qui favorisent l’institutionnalisation.
D’autres techniques de rééducation telles l’ergothérapie ou la musicothérapie offrent une «stimulation cognitive » complète du patient et favorisent son adaptation. L’ensemble de ces mesures de réadaptation peut être coordonné par un hôpital de jour rodé à la prise en charge de la maladie d’Alzheimer.
Troubles du comportement
Ils sont dominés par l’anxiété réactionnelle aux difficultés croissantes rencontrées par le patient, par le repli sur soi et l’inhibition qui lui font suite. Des psychothérapies relationnelles, individuelles ou familiales, peuvent améliorer ces aspects. Des traitements médicamenteux s’avèrent parfois indispensables : antidépresseurs, anxiolytiques, dont la prescription doit rester la plus parcimonieuse possible. Les neuroleptiques seront évités au maximum car ils aggravent les troubles cognitifs du patient. Mais ils sont parfois nécessaires si la personne est agitée, délirante ou agressive.
Prise en charge sociale
L’entourage du patient doit veiller à protéger les biens matériels de ce dernier car il devient inapte à la gestion de ses affaires courantes. Différentes mesures de protection des biens existent, des plus légères (sauvegarde de justice) aux plus lourdes (tutelle) et le choix du régime adopté doit être fait en concertation par la famille, le service social et le corps médical. La curatelle est une mesure de protection plus souple que la tutelle, qui impose l’assistance d’un curateur pour tous les actes de la vie civique.
Il faut aussi veiller au fait que le patient bénéficie des aides financières auxquelles il a droit. Il est systématiquement exonéré du ticket modérateur ( couverture à 100% par la sécurité sociale), la demande doit être faite par le médecin traitant. De multiples mesures financières peuvent être accordées au patient ou à son entourage : allocation adulte handicapé, allocation compensatrice tierce personne, aides à l’amélioration de l’habitat, exonération de cotisations patronales pour l’emploi d’une aide à domicile, exonération de certaines redevances (audiovisuelle, vignette automobile), réductions d’impôts.
La prise en charge d’un patient souffrant d’une maladie d’Alzheimer est donc pluridisciplinaire, et doit accorder autant d’importance aux aspects les plus abstraits, psychologiques, et les plus concrets, financiers.