Malgré son usage social, l’alcool est considéré comme une drogue dure. Consommée sans modération, elle entraîne une très grave dépendance.
L’alcool est-il une drogue et, à ce titre, doit-il être interdit, sa consommation doit-elle être passible d’une condamnation et tous les débitants de boissons alcoolisées doivent-ils être considérés comme des dealers ?
Dans un pays où l’alcool fait partie des traditions culturelles et occupe une place importante dans l’économie, la question n’est pas à l’ordre du jour. Avec 11,5 litres d’alcool par an et par habitant, les Français sont les champions toutes catégories de consommation de boissons alcoolisées. On prend sa première cuite à 15 ans en moyenne et 10% des adultes consomment plus de 5 verres de vin par jour.
Sommes-nous, pour autant, tous des alcooliques ? Oui, au regard du niveau de la consommation. Non, si on définit l’alcoolisme comme un état de dépendance à l’alcool. L’alcoolisme est en effet une maladie. Pour le reste, il est bien difficile d’échapper à une sorte de consommation minimale d’alcool.
Comment imaginer un repas de famille, une fête, une célébration de quelque nature qui ne soit pas arrosé et conclu par un petit ou un grand vin rouge, voire un vin à bulle produit dans l’Est de la France, et un petit alcool régional ? Dans les maisons de retraite et les établissements accueillant des personnes âgées, cette tradition est respectée. Dans une mémorable interview, Jeanne Calment expliquait, dans sa 118e année, qu’un des secrets de sa longévité était de prendre depuis 30 ou 40 ans un petit apéritif chaque jour !
Les trois phases
Des études ont, au demeurant, confirmé qu’une consommation modérée de vin rouge limitait les risques d’accidents cardio-vasculaires.
Le passage de cette consommation récréative, festive et conviviale à un état de dépendance peut provoquer des ravages physiques.
Les raisons pour lesquelles un individu sombre dans l’alcoolisme, en termes de dépendance, sont multiples et relèvent plus du psychisme que de l’ordre physique.
Le stress, une difficulté dans la vie, le souvenir « agréable » d’une bonne cuite ou encore l’environnement social sont quelques uns des facteurs entraînant un premier excès, puis un deuxième et c’est l’engrenage fatal.
On notera cependant que tout le monde n’est pas physiologiquement égal devant la dépendance alcoolique : un terrain génétique prédisposant l’organisme d’un individu à ce type de dépendance a été découvert, ce qui expliquerait la survenue plus fréquente de ce type de problèmes dans certaines familles.
La dépendance à l’alcool ne se remarque pas immédiatement. La descente aux enfers se déroule en trois phases. D’abord, une période pendant laquelle aucun symptôme n’apparaît : les activités professionnelles, sociales, familiales et culturelles ne sont pas altérées et la personne ne manifeste aucun trouble du caractère.
Ensuite, une phase pendant laquelle la personne abuse régulièrement de l’alcool sans être encore dépendante mais les premiers troubles du comportement apparaissent. Enfin, une phase où la dépendance s’installe, accompagné de signes physiques (tremblements, crampes) ou psychiques (angoisses) accompagnés de troubles du comportement, généralement relevant de la violence. La personne est alors alcoolo-dépendante.
Le plus difficile est de sortir de cet état, de rompre le lien de dépendance. Il faut pour cela un soutien psychologique car il n’y a pas de traitement contre l’alcoolisme. Le billet aller pour l’alcool est facile à acquérir. Le retour est plus compliqué.